La visite à caractère socialLes enfants soumis à l'obligation scolaire qui reçoivent l'instruction dans leur famille sont dès la première année, et tous les deux ans, l'objet d'une enquête de la mairie compétente. Dans les villes dotées d'un service d'action sociale, une assistante sociale est généralement mandatée pour effectuer cette enquête, alors que le maire ou l'adjoint au maire chargé des affaires scolaires s'en charge dans les communes rurales.
L'article L. 131- 10 précise que cette enquête est faite " uniquement aux fins d'établir quelles sont les raisons alléguées par les personnes responsables, et s'il leur est donné une instruction dans la mesure compatible avec leur état de santé et les conditions de vie de la famille."
Elle ne doit donc pas porter sur le contenu pédagogique, qui sera examiné lors du contrôle pédagogique par les services de l'Inspecteur d'Académie.
Nous attirons votre attention sur le fait que nous n'avons pu trouver, ni dans les bulletins de l'Education Nationale, ni auprès des assistantes sociales, aucun texte officiel qui précise le contenu, le déroulement, la durée, le type de questions, en un mot les LIMITES... de cette visite.
Cette visite n'est pas une "enquête sociale" (enquête demandée nominativement par un juge dans le cadre de la protection de l'enfance) et elle ne doit donc pas être aussi intrusive. Si les demandes que l'on vous fait à cette occasion vous semblent abusives, n'hésitez pas à demander que l'on vous fournisse les textes légaux sur lesquels les personnes mandatées par la Mairie s'appuient. En l'absence de texte, vous pouvez refuser de répondre à toute autre question.
Lors de cette visite, il est fréquent que l'assistante sociale ou toute autre personne mandatée demande à consulter le carnet de santé de votre enfant. Nous vous rappelons que le carnet de santé est un document protégé par le secret médical : ainsi seul un médecin peut le consulter, généralement quand il est en situation de soins. Cela signifie que vous n'êtes pas obligé de le produire, même à la demande d'un médecin scolaire, et qu'il existe des sanctions pénales à l'encontre de toute autre personne qui en exige la consultation.
En ce qui concerne le relevé des vaccinations, cette seule page peut être photocopiée et produite dans certains cas. C'est la seule partie du carnet de santé exigible par l'Education Nationale et uniquement dans le cas d'une inscription dans un établissement, pour répondre à des exigences de santé publique. Nous sommes hors de ce cadre dans le cas du contrôle pédagogique et social des enfants scolarisés à la maison.
Pour les parents qui rencontrent cette situation pour la première fois, sachez que dans la majorité des cas ces enquêtes sont faites avec courtoisie et respect, souvent dans la bonne humeur, quelquefois dans la curiosité pour des familles qui ont fait un choix différent... Dans les rares cas où les personnes mandatées sont franchement hostiles, soyez vigilants dès le départ. Refusez de répondre aux questions insidieuses, demandez les textes légaux, et défendez-vous en contactant des associations spécialisées.
Et la socialisation ?En pratiquant l'école à la maison, vous entendrez très souvent le reproche que vos enfants manquent de socialisation… Quand vous passerez le contrôle pédagogique, votre Inspecteur vous fera remarquer que vos enfants ne sont pas socialisés, même si vous venez de les sortir de l'institution. Que faut-il en penser ?
Savez-vous que la socialisation n'est ni un concept de la psychologie, ni une théorie de la pédagogie. Même les théoriciens actuels de l'intelligence sociale n'en parlent pas, car ils s'intéressent à la sociabilité, capacité d'avoir des relations souples avec différentes personnes dans différents contextes.
Or il ne faut pas confondre la sociabilité et la socialisation !
La socialisation, prônée par l'Education Nationale, n'a rien à voir ni avec l'éducation ni même avec l'instruction ; elle n'est pas un besoin psychologique, ni pédagogique. Mais elle est simplement une idéologie qui vise à rendre tous nos enfants pareils ! La socialisation est un NON massif à l'individu, à l'originalité, aux parcours atypiques, aux idées nouvelles.... Et c'est à l'antipode de relations sociales saines, fondées sur la reconnaissance et l'acceptation des différences !
La meilleure définition de la socialisation est fournie par les Inspecteurs d'Académie quand ils notent que nos enfants scolarisés à la maison manquent de socialisation, c'est-à-dire qu'ils ne connaissent pas le bonheur et l'obligation d'apprendre dans une classe de 30 élèves, 200 jours par an !
Manquer de socialisation est donc uniquement défini par le fait de ne pas aller à l'école ! N'est-il pas évident que l'école institutionnelle conclut un peu vite à un besoin affectif et naturel de l'enfant, quand il ne s'agit que d'une contrainte imposée par l'organisation et les finances de la collectivité ?
Les recours contre l'Education NationaleSi vous recevez une mise en demeure de scolariser votre enfant dans un établissement public ou privé, il existe à l'encontre de cette injonction trois types de recours juridiques qui doivent s'exercer dans un délai de deux mois.
Un recours gracieux auprès de l'Inspecteur lui-même, en justifiant votre demande et en répondant point par point aux motifs de son injonction.
Un recours hiérarchique auprès de son supérieur hiérarchique, que vous motiverez également avec le plus de précisions possibles. Dans ce cas, vous devez saisir le Ministre de l'Education Nationale.
Un recours contentieux devant le Tribunal Administratif de votre département. Cette procédure est de loin la plus longue, mais elle s'impose quand on souhaite un jugement sur le fond.
Le délai pour surseoir aux injonctions de réintégration dans le système scolaire est de huit jours, tandis que le délai des recours n'est pas suspensif. Cela signifie qu'en attendant qu'une décision de l'administration ou du tribunal soit rendue, vous devez scolariser votre enfant, faute de quoi l'Inspecteur peut saisir le Procureur de la République.
Dans certains cas, et en particulier lorsqu'il y a manifestement abus de pouvoir de la part de l'Inspection Académique ou non respect des procédures légales lors des contrôles, vous pouvez obtenir un référé-suspension, décision en urgence d'un juge qui vous soustrait à l'obligation de remettre votre enfant à l'école en attendant le jugement du tribunal administratif. Cette procédure plus rare nécessite impérativement l'assistance d'un avocat.
Faut-il suivre le programme ?Le contenu des connaissances exigibles dans le cadre de l'école à la maison a été défini par
le Décret no 99-224 du 23 mars 1999.
Dans ce décret, aucune obligation n'est faite aux familles pratiquant l'instruction à domicile de suivre le programme en vigueur, classe par classe.
Il est même précisé dans la Circulaire Ministérielle parue au Bulletin Officiel de l'Education Nationale (BO hors série N°3 du 20 mai 1999), que " le contrôle de l'instruction dans la famille par l'inspecteur d'académie doit donc se faire en référence à l'article 1er de la loi du 18 décembre 1998 et au décret n° 99-224 du 23 mars 1999, et non pas aux programmes en vigueur dans les classes des établissements publics ou privés sous contrat ".
Cela vous donne donc la possibilité d'organiser à votre guise le programme d'apprentissage de vos enfants scolarisés à la maison.
En revanche, ce qui est demandé aux parents, c'est une progression nette dans les savoirs et savoir-faire acquis. On peut lire dans la Circulaire Ministérielle que " Cette progression s'apprécie au regard de l'évolution des acquisitions qu'elle organise dans la diversité des domaines abordés et, après le premier contrôle, en référence aux contrôles antérieurs. "
Le cas échéant, vous devez prévoir, lors des contrôles pédagogiques, de justifier des progrès plus lents que ceux qui sont communément observés chez la plupart des enfants Par exemple, deux ans de retard en lecture ou en écriture dus à une dyslexie ou à une autre difficulté sont en général acceptables lors des contrôles, mais le même retard dû à un manque de volonté de votre part de faire progresser votre enfant pourra être sanctionné par un deuxième contrôle à quelques semaines d'intervalle, voire par une injonction de retour à l'école. Mais vous n’avez pas lieu de vous inquiétez, si vous êtes sérieux et que vous vous tenez à la méthode que vous avez choisi, il n’y a aucune raison pour que cela ne marche pas, au contraire votre enfant avancera plus vite que les autres et en moins de temps.
L'instruction en famille et le handicapL'instruction en famille est envisageable pour un enfant porteur de handicap. Toutefois, les enfants de 0 à 20 ans, ayant un handicap, relèvent de la Commission D'Education Spéciale (CDES) de leur département. La CDES statue sur l'orientation des enfants, leur niveau de handicap (obtention de la carte d'invalidité, pourcentage d'invalidité) et sur l'indemnisation du handicap (attribution de l'Allocation d'Education Spéciale (AES) et de ses compléments versée par la CAF avec les autres prestations familiales).
La CDES propose une orientation aux familles qui sont libres de l'accepter ou de la refuser. L'instruction en famille n'est jamais proposée aux familles, les enfants qui se retrouvent à la maison, le sont le plus souvent par manque de place en structure adaptée. Mais il est tout à fait possible de proposer ce choix à la commission. Je conseille cependant de bien préparer cette demande. L'enfant doit obligatoirement bénéficier d'une prise en charge pluridisciplinaire identique à celle dont il pourrait bénéficier en établissement spécialisé compte tenu de son handicap. Il faut aussi obtenir l'appui des professionnels de santé qui accompagnent l'enfant et la famille. C'est un choix atypique, il convient de bien le documenter et l'argumenter de façon à éviter un refus de la commission.
Pour les apprentissages, le CNED propose un pôle handicap. Les cours commencent dès la grande section de maternelle jusqu'au CM1. Le CP et le CE1 se font en 2 années. Il existe au delà du CM1 un cours plus général qui prépare le jeune à une vie plus autonome. Les enfants de 6 à 16 ans ont besoin de l'accord de la CDES pour en bénéficier. Comme pour un enfant non porteur de handicap, la mairie doit être informée de ce choix d'instruction en famille.
Le CNED propose aussi pour les enfants ayant l'accord de la CDES la collaboration d'un répétiteur 3 heures par semaine, 33h par trimestre. C'est à la famille de trouver ce répétiteur, il peut s'agir d'un instituteur ou prof en activité à temps plein, ou un jeune retraité (moins de 60 ans) de l'Education Nationale. Il sera rémunéré trimestriellement par le CNED.
Source :
http://www.salafs.com/modules/news/article.php?storyid=10072